Joyeux Noël.

En ce 24 décembre, veille de l'affreuse fête de Noël soyons francs. 

Je n'ai jamais apprécié Noël, c'est avec un poids au cœur et les larmes aux yeux que je me lance dans cette improvisation de mots afin d'essayer de tenir encore un jour de plus. 

Depuis le dernier article, beaucoup d’événements plus chaotiques les uns que les autres se sont déroulés et je vois peu à peu ma vie se consumer me menant à un sentiment de détresse absolue.

Je suis allé voir un psychiatre qui ne comprenait pas où était le problème après une séance à cœur ouvert. Et bien Monsieur, vous avez très certainement raison. Peut-être que depuis le début, le problème, c'est moi. Peut-être que le personnage barbare et violent qu'à édifier ma famille autour de ma personnalité est réel. 

Pourtant je ne serais pas capable de faire de mal à qui que ce soit. Il y a deux semaines j'ai écrasé en voiture un lapin de nuit accidentellement. Je m'en suis voulu pendant plusieurs jours.

En Juillet je me suis fait agresser par ce qu'on pourrait qualifier de copain de ma sœur. Il m'a agressé à mon domicile et pourtant je n'ai rien fait. J'ai eu peur de me défendre. La justice lui aurait très certainement donné raison et je ne voulais pas à mon tour nourrir le dossier sur mes "excès de violence" qui au passage s'appuie sur les dires d'une seule et unique personne.

Pour ne revenir à mon agression, j'ai décidé deux semaines après d'aller au commissariat, quand j'ai expliqué ce qu'il s'était passé on m'a rit au nez. Je me suis senti humilié et déshonoré et j'ai pu comprendre que la loi ne s'appliquait qu'arbitrairement et au bon vouloir de nos forces de l'ordre. 

Excusez-moi par avance de ne pas entretenir l'esprit de Noël dans la joie et la bonne humeur mais depuis le début de ce journal j'ai décidé de tout dire sans barrière, au risque de blesser des personnes mais il faut bien comprendre que nous ne vivons pas tous dans une atmosphère positive et paisible.  

Je suis terriblement angoissé de mon avenir qui devient flou de jours en jours. Je me doute que la fin est proche plongé dans une horrible mélancolie me torturant violemment. Chaque échec mène à un échec et le progrès n'est même plus une option envisageable. Je n'envie pas pour autant les gens autour de moi. Le bonheur est une idée bien propre à chacun.

Je ne pense pas avoir apporté ma main à l'édifice de la civilisation mais au final ça ne m'importe guère, la civilisation est faite de pas en avant avec pour ciment une violence accrue et injustifiable. 

La dépression dans laquelle je vis depuis ces dernières années ne se résoudra pas. Nous le savons, nous le voyons mais nous ne pouvons pas intervenir car cela nous dépasse. Pour un bon développement d'un individu il faut que les conditions qui l'entourent soit bonnes, l'argent, le luxe, le matériel ne représente même pas un tiers de ces charges. Il est plutôt de l'ordre sentimental et psychologique. 

Creep.

C'est triste que les hommes finissent par trouver tout naturel d'être en vie. Un jour, nous perdons cette faculté de nous étonner et la retrouvons juste quand nous sommes sur le point de quitter ce monde.

Jostein Gaarder